Hanna Hartman

Une autre lecture de l'oeuvre de Hanna Hartman que vous êtes en train de regarder, par Jean-François Lucido, médiateur au Centre d'art contemporain.

« L’art sonore est un art du temps en même temps qu’un art de l’espace. Mais surtout un art de l’écoute. »

« Existerait-il un art sonore autre que la musique ? Le son est-il un objet de création ? [...] Écouter le monde serait-il plus difficile que de le regarder ? Comment parvenir à entendre ? »

Le fait est là : galeries et musées, lieux autrefois silencieux, se remplissent de bruits et de fracas, parfois de souffles ou de sifflements - il y a quelque chose de changé au royaume muséal. Le son qui remplissait les rues, les kiosques et les salles de concerts s’arrêtait aux portes consacrées à d’autres muses, mais depuis ces muses ne se sont pas mal entremêlées.

L’art sonore est une forme de création hybride et interdisciplinaire qui pose des questions passionnantes sur l’utilisation de l’espace muséal comme de l’espace public, sur le statut du compositeur et/ ou interprète et sur la nature même d’un objet d’art ou d’une œuvre musicale.

Le centre d’art contemporain Les Pénitents Noirs présente des œuvres sonores d’Hanna Hartman aux titres étranges (Catacombes, Longitude et Cratères) par le biais d’un plancher nous pouvons ressentir le souffle de divers sons à même le sol. Notre corps est ainsi en résonance avec ses sculptures sonores. Car ne nous trompons pas Hanna Hartman sculpte le son dans l’espace comme matière première.

Le travail d’Hanna Hartman repose exclusivement sur des sons qu’elle collectionne elle-même autour du monde. Sortis de leur contexte d’origine, ces sons apparaissent dans leur fascinant mystère.

Hanna Hartman développe ainsi et utilise un langage artistique très personnel, réalisant ses propres compositions électroacoustiques à l’aide de sons authentiques qu’elle a elle-même enregistré à travers le monde. Ces sons, sortis de leur contexte originel, sont donc perçus dans leur pureté. Elle cherche à révéler les correspondances qui pourraient être cachées entre les plus diverses impressions auditives et, à travers de nouvelles constellations, elle réussit à créer des mondes extraordinaires de sons, tente de narrer ses sensations et ainsi organiser artistiquement ses souvenirs.

Hanna Hartman a étudié la littérature et l’histoire du théâtre à l’Université d’Uppsala et de Stockholm, la radio et l’art interactif au Dramatiska Institutet et la musique électro-acoustique à l’EMS de Stockholm. Dès les années 1990, Hanna Hartman compose des œuvres pour les radios de Suède, du Danemark et de l’Allemagne, met au point des sculptures sonores et donne de nombreuses performances à travers l’Europe, étendant ainsi son art au-delà des frontières suédoises.

Elle enregistre aussi bien des sons de la nature tels que le bruit du craquement du bois sous l'emprise du feu, des vols d'insectes, le souffle du vent, des chants d'oiseaux, les meuglements de vaches, que des sons plus « civilisés » tels que des portes qui claquent, ou le grincement du parquet de son studio.

Elle cherche à révéler les correspondances qui pourraient être cachées entre les plus diverses impressions auditives et, à travers de nouvelles constellations, elle réussit à créer des mondes extraordinaires de sons, elle tente de narrer ses sensations et ainsi organiser artistiquement ses souvenirs.

Le musée Réattu partenaire de l’exposition « Souffle » au centre d’art contemporain Les Pénitents Noirs.

Le musée Réattu développe de nouvelles approches et collaborations autour de l’art sonore constituant une collection unique couvrant la période 1930-2010. Depuis 2009, la présence du son au musée Réattu s’intensifie, initiée par le Centre national des arts plastiques, une commande est confiée à l’artiste suédoise Hanna Hartman (lauréate du prix Phonurgia Nova en 2006) pour travailler sur les « paysages sonores » du Musée Réattu et contribuer à faire de l’ancienne Commanderie des chevaliers de Malte un résonateur singulier de l’art sonore en France.