Souffle
Née en 1985 à Ispahan en Iran, Niloufar Basiri s’initie à la peinture après des études d’architecture, avant d’arriver en France où elle obtient son diplôme à l’École supérieure d’Art de Clermont Métropole en 2020. Vivre en France en tant qu’étrangère est une expérience décisive qui va orienter sa démarche vers la question de l’identité culturelle et linguistique. Elle aborde des aspects communs à chaque nation, comme la langue, les traditions ou encore la géographie, et elle en explore les différences.
Cette exposition poursuit la ligne éditoriale proposée par le centre d'art sur la matérialité de l’oeuvre et permet de découvrir un large éventail des oeuvres polymorphes de Niloufar Basiri : parmi elles, des productions textiles, comme « Rencontre », une série plutôt représentative de son travail, dans laquelle l’artiste brode des détails de miniatures persanes sur de la toile de Jouy. « Lorsque j’ai découvert les toiles de Jouy, qui sont une étoffe typiquement française, j’ai aussitôt pensé à la miniature persane, qui est une sorte de peinture dans laquelle on trouve aussi des scènes de chasse, de fête et de campagne. J’ai décidé d’en extraire des éléments et de les intégrer dans l’univers des toiles de Jouy : cette association peut prendre un autre sens dans lequel l’humour joue un rôle », explique l’artiste. « Ce projet représente pour moi le processus d’intégration. La broderie est une technique qui nécessite du temps et des efforts, exactement comme lorsque l’on arrive dans un nouvel endroit, que l’on découvre une nouvelle culture, une nouvelle langue… » La chapelle des Pénitents abritera aussi ses oeuvres papier, des installations sonores, un travail photographique, ainsi que l’oeuvre inspirée du territoire provençal aubagnais que Niloufar Basiri aura créée durant sa résidence au centre d’art.
À noter que l’Institut International des Musiques du Monde (IIMM) sera associé à l’exposition sous la forme d’un cycle de mini-concerts « Les Routes de la soie », avec des professeurs des masterclasses et leurs élèves : des moments rares à découvrir au centre d’art le 30 novembre, le 14 décembre, le 7 janvier et le 4 février à 17h.
« Défiler nos frontières » - Exposition de Niloufar Basiri
Du 16 novembre 2024 au 1er mars 2025
Centre d’art contemporain Les Pénitents Noirs & Galerie du Hérisson (Collège Lakanal à Aubagne)
L’artiste Niloufar Basiri nous propose un travail croisé aussi bien géographique qu’historique, empreint d’une dimension artistique et poétique, inscrit dans une vaste échelle temporelle. La force de ce travail est sa démarche artistique très claire qui apparaît dès la première lecture de ses œuvres. Il ne peut y avoir d’ambivalence ou d’hésitation. Simultanément à cette première confrontation, un sentiment d’apaisement émane de ses œuvres. On ressent une certaine maturité dans ce geste assumé. Le message est positif. Nous entrons dans des paysages, des histoires qui vont nous faire voyager d’un continent à l’autre tout en traversant les siècles, mais nous restons connectés à notre période contemporaine. Deux chemins se dessinent, avancent en parallèle, pour finir par se croiser, se rejoindre, à l’image de la trajectoire personnelle de Niloufar Basiri. Deux continents, deux histoires, pour ne faire plus qu’une culture, un seul territoire. Une dualité apparait, sans opposition ni affrontement. S’y ajoute la proposition qu’elle fait à chacun de relire sa propre histoire, sa culture, permettant un nouveau regard. On se laisser aller à rêver entre orient et occident. Cette mobilité de territoires, de cultures et d’habitudes, nous l’avons tous ressentie un jour en changeant de région ou de pays. Au travers de ses territoires élargis, qu’elle imagine sans frontières, son choix d’utiliser de façon récurrente l’univers textile fait référence aux liens qui s’installent, aux rencontres que l’on fait avec cette volonté d’inclusion l’un vers l’autre à force de patience et de persévérance, et permet à Niloufar Basiri de nous les suggérer sous un jour nouveau.
Coralie Duponchel, directrice du centre d'art contemporain Les Pénitents Noirs
Biographie de l'artiste
Née en 1985 à Ispahan en Iran, Niloufar Basiri vit et travaille à Lyon. Après les études d’architecture, elle s’initie à la peinture avant d’arriver en France où elle obtient son diplôme à l’École supérieure d’Art de Clermont Métropole en 2020.
Elle est actuellement résidente au Grand Large, une association pour la jeune création en Auvergne-Rhône-Alpes.
Basé sur son expérience personnelle de vivre en France en tant qu’étrangère, son travail est centré autour des questions de l’identité culturelle et linguistique, la dislocation et la transculturation. Elle aborde des aspects communs à chaque nation, comme la langue, les traditions ou encore la géographie, et elle en explore les différences. C’est par le biais d’une pratique multidisciplinaire qu’elle tisse ce lien, notamment dans « Holorime », une performance qui utilise les mots persans empruntés de la langue française. Une répétition, un amalgame, des mots qui, accompagnés par son corps en mouvement, installent une ambiance ambigüe et équivoque.
On retrouve également dans « Rencontre », un travail sous forme de broderies, des éléments de miniatures persanes incorporés dans les toiles de Jouy, une étoffe typiquement française. Ces derniers partagent le même instant dans les scènes de la vie quotidienne, de la faune et la flore.
Mais ces liens se retrouvent aussi dans sa série « Finding Neverland », broderies et dessins qui représentent un espace intermédiaire, un « ailleurs » qui n’est pas forcément un lieu géographique réel, mais un endroit imaginaire.
Le processus lent et répétitif représente l’effort et le temps nécessaire pour l’intégration. C’est la question qui sous-tend l’ensemble de son travail : comment s’assimiler au pays d’accueil en conservant une conscience identitaire liée à la mémoire collective du territoire, de la société d’origine et de son histoire.